Natacha Mercier est une artiste subversive. Elle ne s’encombre pas de cette forme très ordinaire et trop répandue de subversion esthétique qui peut naître d’un désordre institué, d’une « tyrannie bienveillante » de la couleur ou d’une agitation cacophonique de provocations gratuites – autant d’artifices qui finalement, deviennent vite conventionnel. Son approche, bien plus efficace, réfléchie, se fonde sur la délicatesse des supports, la subtilité d’un jeu d’occultation/divulgation de l’image qui interroge le regard et la peinture elle-même ; elle repose en outre sur une solide culture picturale, car on ne peut questionner un sujet sans le connaître parfaitement (…).Comme l’écrivait Georges Didi-Huberman, «L’œuvre donne à deviner un au-delà du visible, jusqu’à donner à voir […] l’invisible […]. Partout se célèbre la poétique du voile, mais un voile qui mi-montre […], voile qui doucement se soulève, fait entrevoir.»
Thierry Savatier, historien de l’art, spécialiste de Gustave Courbet, de l’histoire et de la littérature du XIXe siècle. Extrait du texte « NatachaMercier ou la poétique du voile », 2016.