“Natacha Mercier peut investir tous les formats de la minuscule marine à des formats monumentaux, l’artiste ne cesse de développer sa technique picturale et de renouveler ses sujets, travaillant par séquences et par séries, avec un goût marqué pour la citation, la mise en scène, le sujet et le motif de l’œuvre. Après avoir utilisé un grand nombre de couleurs et en particulier le blanc pour lequel l’artiste a consacré un ensemble important de tableaux, Natacha Mercier déploie actuellement son dispositif dans la couleur noire. L’obscurité, l’ombre, la noirceur offrent un nouveau champ d’exploration à l’artiste. Dans ses nouvelles œuvres, le paysage, la forêt en particulier, fait surface au milieu des noirs. À l’inverse de ses tableaux blancs dans lesquels les figures se révèlent dans une certaine évanescence de la lumière, c’est de la profondeur de la nuit que surgissent les images. L’artiste réussit à matérialiser le rêve d’une vision de nuit, d’un autre monde invisible, mystérieux, celui de la forêt, du sauvage, de l’inconnu. A travers le noir, Natacha Mercier poursuit sa quête de montrer l’impalpable, ce qui ne se voit pas, ce que l’on ne peut donner à voir. L’artiste ouvre le champ d’un au-delà du visible.”
Jérôme Carrié, Commissaire des expositions au Ciam, Université Toulouse Jean-Jaurès – 2021.
“La nuit dernière, nuit de tempête, Hegel me rendit visite dans mon sommeil et je l’entendais dire, d’une voix scandée, que «l’être humain est cette nuit, ce néant vide ; un monde de représentations infinies, d’images, dont aucune ne voulait être présente à son esprit, ni en être absente. C’est la nuit qui existe ici, (continua t-il), l’intimité de la nature, le Moi dans toute sa pureté ». Il insista en disant que « la nuit ne forme juste qu’un cercle autour des représentations imaginaires de l’homme : ici surgit d’abord une tête ensanglantée, là une face blanche, brusquement elles disparaissent. C’est cette nuit là que nous voyons (me dit-il) quand nous regardons un être dans les yeux ; alors nous sombrons dans une nuit de terreur, alors la nuit du monde nous fait face.”
Extrait du textes d’Etel Adnan, Nuit.