“La nuit dernière, nuit de tempête, Hegel me rendit visite dans mon sommeil et je l’entendais dire, d’une voix scandée, que «l’être humain est cette nuit, ce néant vide ; un monde de représentations infinies, d’images, dont aucune ne voulait être présente à son esprit, ni en être absente. C’est la nuit qui existe ici, (continua t-il), l’intimité de la nature, le Moi dans toute sa pureté ». Il insista en disant que « la nuit ne forme juste qu’un cercle autour des représentations imaginaires de l’homme : ici surgit d’abord une tête ensanglantée, là une face blanche, brusquement elles disparaissent. C’est cette nuit là que nous voyons (me dit-il) quand nous regardons un être dans les yeux ; alors nous sombrons dans une nuit de terreur, alors la nuit du monde nous fait face.”
Extrait du textes d’Etel Adnan, Nuit.